TRAGÉDIE À BORD DU KYLE
C’est en faisant des recherches à
propos de l’histoire mouvementée du S.S Kyle que j’ai appris que, lui
aussi, avait eu de mauvaises, même horribles expériences au début du
siècle.
Par exemple, lisez ce qui est
arrivé non seulement au Kyle mais à d’autres navires côtiers et à
certains en direction de l’étranger. On ne doit pas oublier le fait que
plusieurs navires terre-neuviens, particulièrement les gréés carrés et
leurs équipages, ont passé des temps épouvantables.
Une colonne précédente avait
décrit un incident cocasse passé à bord du Kyle, l’un des bons navires
qui faisait partie de cette splendide flotte. L’auteur de cet
inconvénient, Roy Strong de Mount Pearl, évoquait que nous allions tous
les deux à l’école d’été normale du Collège Memorial dans le milieu des
années 1930. Merci pour le rappel, Roy!
Les navires côtiers étaient le
lien le plus fort dans la chaîne de communication le long de la rive
pendant la meilleure partie des années 1900. Ces navires étaient appelés
par plusieurs noms : Les yachts à Reid, la flotte alphabétique et par
divers autres étiquettes. La colonne mentionnée plus haut avait mis de
l’emphase sur le SS Kyle et soulignait le genre de travail exécuté par
ces jolis petits navires lors de leur service.
Construits fortement et même
équipés prodigieusement, plusieurs d’entre eux, à diverses époques,
furent envoyés travailler dans les glaces nordiques, où hommes et
navires étaient assignés à la chasse aux phoques et, cette partie de
leur engagement était souvent dangereuse et parfois complètement
désastreuse.
Personnellement, j’aimais bien les
navires côtiers et j’ai fait une demi-douzaine de voyages à bord de
navires tels le SS Home, le Northern Ranger et le Baccalieu; sans faire
mention du remarquable William Carson, maintenant presque aussi
historique.
En tant qu’intérêt historique, le
tout nouveau Kyle arrivé à St John’s au début de l’année 1913, à la
suite d’une traversée de l’Atlantique pleines de tempêtes, s’est mis
rapidement au travail qui, dans son cas, fut l’aller-retour sur le golfe
entre Port aux Basques et North Sydney en N-É. La compagnie n’a pas
perdu de temps. Par samedi, le 3 février 1913 à 10h45, il fut remis à
l’eau avec aucune preuve de mauvais temps passés.
Les prévisions météorologiques à
l’époque, par contre, étaient loin d’être exactes et le Kyle venait à
peine de partir quand il est entré dans une tempête de neige. Comme on
peut se l’imaginer, la tempête a continué le lendemain et par dimanche,
en soirée, le petit navire robuste poussait à travers un blizzard en
rage le long de la côte sud ouest de Terre-Neuve.
Le navire s’est lancé dans l’océan
sauvage. Se dirigeant vers l’est le long de la rive dangereuse, sa coque
et sa superstructure étaient glacées maintes fois. On a décidé qu’on
devait enlever cette accumulation de glace avant qu’on ne puisse plus
gérer le Kyle. Son officier en second, Robert Carter, et un autre membre
de l’équipage, Fred Blackmore, ont été envoyés au pont du gaillard avant
pour commencer à nettoyer la coque. Carter utilisait une hache alors que
Blackmore pelletait la glace détachée et l’envoyait à l’eau. Alors que
ce dernier prenait une pause, penché sur le manche de sa hache, une
vague immense s’est écrasée sur le navire les lançant dans les airs tous
les deux. Blackmore s’est fracturé une jambe en frappant le pont
glissant à l’atterrissage mais, le malheureux Carter s’est fait lancer
assez loin avec grande force. Les membres de l’équipage étaient
convaincus qu’il fut tué instantanément puisque son corps était à la
surface de l’eau pendant quelques minutes, tout près du navire, flottant
à l’aide du costume de caoutchouc que le pauvre portait.
Le cri d’un « homme à la mer » fut
immédiatement lancé et le Kyle a essayé de récupérer le cadavre. Le
maître d’équipage du navire, George Feltham s’est même porté volontaire
pour sauter à l’eau, attaché à une bonne corde mais, le capitaine l’a
sagement arrêté. Il semblait que le sauvetage serait futile et il aurait
pu y avoir une autre vie de perdue.
Avec le cœur gros, l’équipage a
continué de combattre la tempête tandis que le navire était retardé et
essayait de s’en sortir. Leur camarade fut perdu mercredi, le 7 février
et le Kyle a dû attendre à cet endroit jusqu’à ce qu’on décide de le
faire entrer dans les eaux au sud de St. Pierre pour y passer la nuit.
La situation s’est améliorée
quelque peu mais, au matin, ils se sont rendus compte que l’équipement
de gouverne était hors service.
Après beaucoup de difficulté et de
danger, l’équipage avait installé un câble de métal sur les deux bords
du navire et par mardi, l’intrépide petit navire était en route de
nouveau. Par contre, ils ont mis un autre jour et nuit avant de rentrer
à Port aux Basques avec leurs épouvantables nouvelles.
Il y en a encore beaucoup à
raconter sur cette histoire remarquable et nous la continuerons une
autre fois. Peut-être qu’il y aurait même des lecteurs qui auraient des
détails à fournir!
The Evening Telegram
Le 20 avril 1996 |